Du 26 mars au 2 avril
Mardi 26 mars. Nous partons tôt du centre commercial de Tegucigalpa. Nous rejoignons la frontière Honduras-Nicaragua. Cette frontière est réputée une des plus longues à passer. La sortie du Honduras se fait en moins d’une heure ce qui est assez rapide. Arrivés au douanier nicaraguayen, il nous demande $12 par personne, soit $60 en tout. Hélas, nous avions anticipé $3 par personne – sur la base de notre application habituelle iOverlander – et il nous manque $13 ! Nous ne pouvons pas retourner au Honduras pour retirer de l’argent car nous venons de rendre nos visas et l’autorisation temporaire du véhicule. Il y avait une banque au poste de douane mais elle a fermé il y a 15 jours, apparemment une conséquence de la guerre civile l’an dernier avec les guichets de banque quasi-inutiles qui ferment les uns après les autres. Nous sommes donc bloqués là, devant le douanier, à négocier l’entrée avec notre espagnol balbutiant.
Rien n’y fait. Soudain, une femme dans la queue derrière nous tape sur l’épaule d’Irina et lui tend un billet de $20 !!! Elle nous fait comprendre que c’est parce que nous sommes avec un bébé et qu’elle est contente de nous aider, elle ne souhaite même pas être remboursée, incroyable… Plus le pays est pauvre, plus les habitants ont le cœur sur la main. Nous obtenons finalement nos visas. Le véhicule est inspecté rapidement et nous sommes prêts à entrer au Nicaragua à 16 heures.
Nous sommes avec nos amis Claire et David et leurs 3 enfants. Ils leur manque également quelques dollars pour le douanier. Le seul moyen pour qu’ils entrent au Nicaragua est que nous allions retirer de l’argent pour eux, il y a un village à 5 minutes. Nous voici partis pour le village, de taille assez importante, mais il ne possède pas de distributeur d’argent. Un chauffeur de taxi nous indique que le distributeur le plus proche est à Chinandega, à 70 kilomètres ! Nous retournons à la douane prévenir nos amis du contretemps. En route pour Chinandega, iOverlander nous indique qu’un français chercheur d’or habite dans le coin. Nous y allons pour lui demander de nous avancer un peu d’argent mais hélas il n’en a pas et confirme qu’il est difficile de s’en procurer au Nicaragua… Nous allons à Chinandega, il fait nuit. Nous essayons toutes nos cartes bancaires dans le distributeur d’une banque dans le centre de la ville mais rien de marche : impossible de retirer des córdobas (la monnaie locale) ou des dollars. Nous essayons ensuite dans un grand magasin et toujours impossible… Cela commence à être inquiétant ! Nous trouvons une autre banque. Tout est refusé quand soudain, une carte permet de retirer quelques dollars !!! Nous refaisons la même opération autant de fois que possible puis allons retrouver nos amis à la douane. Nous en profitons pour prendre l’assurance auto obligatoire au Nicaragua. Il est 21:30, nous décidons de nous arrêter sur le parking d’un hôtel au plus près : nous n’avons pas mangé aujourd’hui et Irina et Damien ont toujours des poussées de fièvre suite à une pharyngite qu’ils traînent depuis quelques jours. Nous nous couchons éreintés.
Bonne nuit, demain sera une meilleure journée !
Mercredi 27 mars. Nous passons un peu de temps à l’hôtel avant de partir. Les enfants s’amusent dans les hamacs, surtout Emma.
Le manager nous informe que si nous partons après 10 heures, ce sera $15 supplémentaires ! Nous nous activons et allons à León.
León était la capitale de la province espagnole et de la République du Nicaragua jusqu’en 1855, bien que son grand rival politique et commercial, Granade, ait longtemps contesté cet honneur. León est aussi célèbre pour être la ville initiatrice des multiples révolutions nicaraguayennes.
La ville est jolie, surtout sa cathédrale. La vue du toit de la cathédrale est majestueuse, dans cette ville plantée au milieu des volcans.
Une statue intrigante
Nous prenons un guide pour visiter le centre. Il nous explique que 800 personnes ont été tuées l’an dernier par le régime au pouvoir (les chiffres officiels communiqués à l’étranger sont de 300 morts). 2 étudiants ont démarré les émeutes à León et ont été blessés : l’hôpital a refusé de les soigner car ils étaient contre le pouvoir et ils sont morts ! La population est aujourd’hui dégoûtée par le régime, tout le monde est dans l’attente d’un changement très peu probable. Les banques ferment, l’économie s’éteint, l’espoir diminue. Le guide nous remercie d’être venus malgré tous les messages négatifs de la communauté internationale sur les risques au Nicaragua. Une visite de la ville pleine d’émotions. Nous sommes visiblement entre 2 guerres civiles, la prochaine sera bientôt. Si rien ne change, le Nicaragua sera le Venezuela des années à venir.
Après cette visite, nous nous garons au parking d’un centre commercial de León. A 18 heures 30, il y a moins de 20 voitures garées sur le parking. Nous dînons dans un fast-food avec David et Claire et leurs enfants. Avant de se coucher, les garçons font une course dans le parking pendant que Damien jette un œil à un bobo à son pied qu’il traine depuis 7 semaines, suite à une piqûre dans la forêt de Cockscomb au Bélize. Il appuie un peu et voit un joli petit vers sortir de son pied !!! Il s’agit d’un Dermatobia hominis, une larve de mouche qui a besoin d’un corps humain (de Damien, pour être plus précis) pour se développer.
Rassuré, Damien peut aller se coucher : finis les staphylocoques et autres suppositions médicales sur ce petit bobo.
Jeudi 28 mars. Emma a 5 mois aujourd’hui ! Pour ses 4 mois, nous étions sur le volcan Acatenango au Guatemala. Pour ses 5 mois, nous voulons aller sur le volcan Cerro Negro– la Colline Noire en français – ! Hélas, cette fois-ci, c’est vraiment trop difficile pour Emma. Damien ne réussit à organiser la visite que le matin-même à 7 heures 40. A 8 heures, un membre de l’agence de tourisme frappe à notre porte ! Les enfants se réveillent et 10 minutes plus tard, la troupe est dans le 4×4 en route pour l’aventure. Nous sommes une douzaine dans le groupe. Le Cerro Negro est le volcan le plus jeune d’Amérique Centrale car il a explosé la première fois en 1850. C’est aussi le volcan le plus actif du continent : il a explosé 23 fois depuis 1850. C’est enfin le volcan potentiellement le plus dangereux : la dernière fois qu’il a explosé est en 1999, il est donc déjà bien en retard pour sa prochaine explosion. Cela ajoute de l’adrénaline à la montée. L’ascension ne dure qu’une heure allant de 200 mètres d’altitude au départ pour rejoindre le sommet à seulement 728 mètres. Cela reste néanmoins l’ascension la plus difficile que nous ayons faite à ce jour. Il fait très, très chaud d’une part; d’autre part, le vent souffle tellement que les enfants ont souvent besoin de se mettre en boule au sol pour ne pas s’envoler. Le chapeau de Damien s’envole et sera retrouvé par un guide à plusieurs centaines de mètres du volcan. Nous arrivons tout en haut pour quelques photos. Le sol est chaud et en creusant quelques centimètres dans le sable, c’est brûlant. Il y a de la fumée par endroit dénotant l’activité souterraine du Cerro Negro. Nous ne restons pas longtemps en haut car nous sommes paralysés par le vent.
La descente ! Suite à la dernière explosion en 1999, Éric Barone, un français un peu fou, vient avec son vélo en 2002 et bat le record du monde de vitesse en vélo à 172 km/h. Juste après l’enregistrement de sa vitesse, son vélo se casse en 2 et il fait une chute impressionnante (à voir sur YouTube: “2002 Cerro Negro la chute”). Il reste plusieurs mois à l’hôpital de León pour réparer tous ses os cassés. Un autre français vient pendant ce temps au Cerro Negro et bat le record du monde d’Eric Barone ; l’histoire n’est pas si triste pour lui car il tombe amoureux de son infirmière :-). Suite à cela, un américain vient et cherche un moyen distractif de descendre le volcan : frigo, planches de toutes sortes, etc. Il met au point une planche de bois renforcée en-dessous par des plaques métalliques et dirigée par une corde. Un nouveau motif de tourisme existe maintenant au Nicaragua ! Et c’est la raison principale de notre venue aujourd’hui : le Cerro Negro est l’un des seuls volcans au monde que l’on peut descendre en luge ! Nous mettons notre combinaison, lunette et bandana pour contrer la poussière. Cet endroit est réputé pour ses nombreuses piqûres d’abeilles : les insectes sont déstabilisés par la roche volcanique. William est le seul du groupe à se faire piquer par une abeille, à l’oreille. Heureusement il est très courageux et oublie son mal pour se concentrer sur la descente. William et Damien glissent ensemble sur la planche de fortune ; le contrôle n’est pas facile mais ils restent en ligne jusqu’en bas, ouf. Il y a régulièrement des blessés durant la descente et les glissades sur la roche volcanique sont souvent douloureuses. Vient le tour d’Amélie qui descend avec Matt, l’organisateur de l’expédition. Tout se passe également à merveille ! Nous rentrons rapidement au camping-car.
Pendant ce temps, Irina et Emma sont restées “à la maison”. Il fait beaucoup trop chaud pour rester à l’intérieur de Johnny RV sans être branché. Elles ont réussi quand même de se promener un peu autour du centre commercial. Malgré la pauvreté – même dans le centre commercial, il y a que quelques magasins ouverts – le quartier est très coloré et animé et ça a rassuré Irina qu’elles sont en plein sécurité.
Et la journée n’est pas finie ! 2 heures de route et nous sommes en haut d’un autre volcan : le Masaya. C’est l’un des seuls endroits au monde où il est possible de voir directement la lave en ébullition au fond d’un cratère. La durée de la visite est normalement limitée à quelques minutes à cause des vapeurs de soufre. Le vent est aujourd’hui dans le bon sens et nous restons 2 heures à admirer ce magnifique spectacle, surtout après que le soleil se couche.
Nous allons au bivouac le plus proche sur la place principale de la petite ville de Nindiri. Les jeunes du village sont rassemblés et passent la soirée à jouer au volley-ball : cela rappelle à Damien les nombreuses soirées passées avec Stéphane sur le terrain de volley de Capelle.
Un couple local
Vendredi 29 mars. Nous allons au marché de la ville de Masaya : les hamacs y sont réputés de bonne qualité et surtout à des prix défiants toute concurrence.
Il fait chaud, donc après un déjeuner vegetarian, nous décidons d’aller nous rafraîchir dans la lagune d’Apoyo : le lac est en fait directement dans le cratère de ce vieux volcan ayant explosé il y a 25000 ans. Nous prenons un bain dans cette eau volcanique, puis allons à Granada.
La ville de Granada est probablement la plus jolie ville du Nicaragua, ses bâtiments coloniaux y sont extrêmement bien conservés et les maisons sont toutes joliment peintes de couleurs vives. Dans la ville, nous assistons au chemin de croix : les villageois portent Jésus qui porte la croix jusqu’à la cathédrale, suivi par une fanfare bruyante qui fait résonner les murs de la cathédrale.
Samedi 30 mars. Nous visitons Granada, la ville de couleur, de culture et certainement d’histoire, et montons en haut de l’église La Merced connue pour ses jolies vues de la ville. Nous admirons les rues, qui malgré la pauvreté, sont très larges et propres. Ça nous étonne pas que des gens du monde entier viennent ici et que beaucoup ne peuvent pas se résoudre à partir. En conséquence, la ville est une plaque tournante pour les expatriés, ce qui ne fait qu’ajouter à son atmosphère cosmopolite.
Nous visitons Choco NIcaragua Museo, le musée de cacao, où nous avons goûté au Nicatella, le nutella nicaraguayen. C’est vraiment délicieux, fait avec 100% cacao nicaraguayen, de façon artisanal.
Nous reprenons le camping-car pour longer l’entrée aux petites îles de Granada (il y en a apparemment 365 !), puis nous nous garons dans le parking du volcan Mombacho. C’est parti pour une randonnée de 3 heures dans la forêt tropicale du volcan, qui culmine à 1344 mètres d’altitude. Notre guide nous fait goûter des fleurs et des plantes. Nous découvrons aussi les fleurs dauphins et les fleurs xxx (on n’a pas retenu le nom).
Il y a aussi des fumerolles : des trous dans la terre d’où se dégagent des gaz. L’humidité est élevée dans cette forêt. Le volcan a presque tout le temps un nuage autour de lui, ce qui permet à la forêt tropicale de conserver un haut taux d’humidité : c’est une forêt dite “nuageuse”.
Nous roulons ensuite au port San Jorge. Rafael, un gentil ermite, accepte de nous héberger dans sa cour. L’entrée est petite mais cela semble jouable… 2 heures plus tard, nous avons entré nos véhicules avec beaucoup de difficultés.
Dimanche 31 mars. Nous observons un petit hibou et un écureuil blanc dans le jardin de Rafael, avant d’aller sur l’île Ometepe. Il est possible et pas trop onéreux de traverser sur le ferry avec le camping-car. Nous nous réveillons trop tard pour le ferry de 6h00, de 9h00, et aussi de 10h30… Il n’y a plus de ferry à 12h00. Nous payons pour prendre celui de 13h30. Après de nombreux essais, David n’arrive pas à mettre son camping-car sur le bateau, nous sommes un peu plus long et nous n’y arriverons pas non plus. Le capitaine nous dit qu’il n’y aura pas de problème sur le bateau de 14h30 puis prend le large. Nous apprenons juste après que le “14h30” est plein. Va pour le ferry de 16h00 ! Nous faisons un peu d’école puis embarquons. Une fois accostés, nous filons à Punta Jesus Maria pour observer le coucher de soleil.
Lundi 1er Avril Visite de l’île Ometepe : nous quittons le bivouac de rêve où nous avons passer la nuit. Quelques kilomètres plus loin, une simple déviation nous fait passé par un dénivelé important : le dessous du véhicule touche et nous cassons les tuyaux d’eaux noires. Nous sommes maintenant facile à suivre à la trace… 🙂 Nous arrivons finalement à la réserve de Charco Verde, au sud du volcan Conception. La réserve de papillon est bien entretenue. Nous nous baladons ensuite autour d’une petite lagune, les arbres sont pleins de singes. De nombreux “Urraca”, les geais locaux, nous narguent et passent devant nous sans pouvoir les prendre bien en photo; ils sont magnifiques avec leurs queues de pie dédoublées et leurs couleurs bleues et blanches. Cet oiseau est le symbole de l’île Ometepe. Nous allons ensuite à “Ojo de Agua” pour y passer la nuit.
Mardi 2 avril Nous passons la matinée dans “Ojo de Agua”, un lac provenant d’une source naturelle. Puis c’est parti pour la traversée de retour sur le continent. Nous passons la frontière Nicaragua-Costa Rica en fin de journée.